UN EXEMPLE D' H.L.M

LE HAUT DU LIEVRE

 

 

 

 

 

            Les années 1960 marquent pour Nancy le début d'une nouvelle ère; peu à peu s'esquisse le visage que l'on connaît de la métropole lorraine; en effet il semble émerger des chantiers permanents, entrepris en banlieue et au centre-ville. En matière d' urbanisme, les architectes viennent de faire un "grand pas en avant", avec le quartier Saint- Sébastien, et notamment avec le Haut du Lièvre, la "plus longue barre d' Europe". Ils virent donc se concrétiser leurs grands projet de "ville- immeuble". Durant près de vingt ans, Nancy, peut s'enorgueillir de posséder un patrimoine architectural contemporain considérable. Il est donc intéressant d'étudier le grand projet que fut celui du Haut du Lièvre, tout en rappelant que ce projet, aujourd' hui souvent contesté, fut un élément dynamique de Nancy.

 

 

 

            

             Tout débutât en 1955, avec le "Baby Boom", et l' importante exode rural qui sévie sur Nancy; des milliers de gens doivent être logé. Une réponse à cette demande de logement doit être donnée au plus vite. Les logements du centre-ville, étant pour la plupart insalubres, un développement de la banlieue s' impose. La municipalité de Raymond Pinchard va alors intervenir avec un politique de logement, et engage avec l' État le programme du Haut du Lièvre. Le programme de construction  prévoit donc 3500 logements pour lutter contre cette crise. 80% d'entre eux sont à la charge de l'OPHLM ( Office Public de HLM de Nancy), 12% pour la CILOF( Compagnie Immobilière pour le Logement Civils et Militaires), et deux autres société se partageraient le restant.

Il ne reste qu'un seul grand espace vide sur le territoire de Nancy; les trente six  hectares restants sur le plateau de Haye dominent Nancy de cent mètres d' altitude. Ce terrain est alors acquis en 1956 par la mairie de Nancy. 

Le 9 Décembre 1957, BERNARD ZEHRFUSS, déjà renommé grâce à des réalisations comme le Palais de l' UNESCO à Paris, présente son projet. Il rejette l'esthétique de la cité  jardin ou encore celle de la cité ouvrière, il a pour ambition de concevoir une immense barre frontale parallèle à la côte, dominant l' agglomération nancéienne . Le 9 Mars 1958, la première pierre est posée, les travaux dureront jusqu' en 1971. Pour les  deux tiers des logements, le procédé de construction à relevé de la préfabrication, qui consistait à la mise en oeuvre préalable d' une ossature en charpente métallique pour le montage. Les panneaux préfabriqués de  murs, façades, ou planchers sont ensuite assemblés. Six logements sont donc fabriqués chaque jour grâce au procédé d' ESTIOT. Bientôt s'élèvent alors d' immenses barres imposantes, comme le "tilleul", ou le "cèdre bleu et ses 917 logements. Elles sont dès lors considérés comme appartenant au "style international", avec un assemblage de formes géométriques simples. Ainsi douze autres petits bâtiments sont construits perpendiculairement aux grandes barres ; ainsi que quelques maisons particulières, puis vinrent deux groupes scolaires, un centre social, une église, une crèche, deux centres commerciaux...un nouvel espace de vie est crée.

Les plus jeunes accueillent très bien cette  nouvelle architecture,  surprenante et inhabituelle, tandis que d'autres préfèrent désormais les élégantes villas Art nouveau, face à un art dont ils ne peuvent , et ils ne veulent saisir les sens. Vu de près, c'est la rigueur, l'extrême complexité de cet enchevêtrement de lignes droites, qui fascinent; tandis que de loin , quand un rayon de soleil éclair les "barres", naît une sensation de perpétuel mouvement au sein même de la façade, animée par un rythme en deux temps, provoqué par l'alternance des couleurs. Non loin de ces nouvelles constructions, d'autres immeubles, plus petits, privilégiant les formes originales, viennent donc s'y ajouter les années suivantes. Une architecture fonctionnelle était donc recherchée, dans la mesure où elle devait pouvoir contenir le plus d' habitants possible. Entre 1965 et 1967, sont alors construites les trois Tours Étoiles, ainsi que la surprenante  Tour Panoramique en 1971.

Le quartier du Haut du Lièvre en 1967

 

 Le premier occupant est arrivé en 1959, et très vite le quartier se remplit, pour atteindre les 16.000 habitants en 1966. Au départ ce quartier ultra moderne, est peuplé souvent par des familles relativement aisées, ou par des étudiants. Mais dès 1965, la situation change, le Haut du Lièvre ,non seulement devient une cité dortoir, mais aussi la population défavorisée des taudis le la vielle-ville de Nancy, y sont transférés; ainsi  qu' avec la réfection du quartier Saint- Sébastien, qui entraîne un long bouleversement, avec la destruction de certaines habitations vétustes. Déjà la situation devient difficile à gérer, les familles ainsi relogées croient à une "ségrégation raciale", pensant avoir été emmené de force dans ces singuliers bâtiments, à l'écart du centre-ville; aussi certaine familles dites "agitées" s'y sont installées. A la fin des années 60, le Haut du Lièvre, apparaît donc comme une réussite partielle, un projet plus ou moins contesté. Mais au cours des années 1970, la situation s'aggrave , la délinquance ne fait que s'accroître; le quartier se dépeuple alors, les français aspirant à l'accession à la propriété. En 1980, pas moins de 800 logements sont vacants. 

voir le plan du Haut du Lièvre

 

Dès 1981, une réhabilitation du quartier s'effectue. La ville de Nancy et son office d'HLM, alors présidé par André Rossinot, entreprennent cette réhabilitation, afin de mieux relier le quartier au centre- ville, d'améliorer les conditions de vie des habitants, d'offrir plus d'emplois, et donc de favoriser une véritable vie sociale. Sont donc crées une mairie-annexe, un bureau de poste, un commissariat... Une dimension  humaine a été donnée au quartier, avec par exemple le doublement des entrées; cette réhabilitation visait donc à améliorer le confort des habitants, leur insertion sociale, ainsi à donner une nouvelle image positive du secteur.

 

Cette réhabilitation a certainement été utile, mais une nouvelle doit être entreprise. Il faut maintenant voir le Haut du Lièvre dans le cadre du Grand Projet de Ville, dont la démarche vise à réinsérer ce quartier dans le dynamisme du développement de l'agglomération nancéienne. Une action lourde et durable est prévue pour transformer l'image de ce quartier. Néanmoins il est bon de savoir que les gens vivant dans ce quartier, se sentent bien et en sécurité, il y a un grand décalage entre la perception extérieur et celle intérieur d'un quartier, en tenant compte des différences de ce type de quartier entre une très grande ville et une ville de province. Il y a de véritables enjeux sociaux et économiques sur le Haut du Lièvres, de ce fait on opère une équilibration de la population en  jouant sur la mixité, pour éviter la "ghettoïsation". Aujourd'hui de plus en plus de jeunes y vivent provisoirement, et apprécient les logements qui leur sont proposés. L'OPAC (ex OPHLM), qui gère le Haut du Lièvre, est en phase de réflexion  pour mener cette réhabilitation. La démolition et la reconstruction ne sont pas à exclure; ainsi qu' un projet urbain est possible sur le site des carrières Solvay, se trouvant derrière le quartier, il serait question de créer des jardins ouvrier. Aujourd' hui, l' OPAC, doit faire un choix décisif pour savoir comment employer au mieux l'argent dont ils disposent pour mener cette réhabilitation.

 

Le Haut du Lièvre est un quartier vivant(même si son image est discutable), avec beaucoup de projets, et qui continuera certainement à vivre longtemps encore; ne fait- il pas partie intégrante du patrimoine nancéien et lorrain.

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

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